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Portraits de femmes dans l’église, aujourd’hui

Nombreuses sont les femmes qui « tracent leur route » aujourd’hui dans l’Eglise. Laïcs ou religieuses, célibataires, mères, leurs vocations ne cessent de se multiplier. Nous vous proposons par quelques portraits, de les suivre, de prier Marie avec elles, sans laisser de place au doute, sans baisser les bras et dans la joie.

DEUX ÉTUDIANTES EN MISSION EN MILIEU RURAL

Dauphine Piganeau et Isabelle Pélissié du Rausas ont consacré une année de césure à l’évangélisation de deux paroisses rurales françaises. La « Mission Isidore » a été associée à des week-ends de mission par des jeunes : les WEMPS.

Tout a commencé par une idée folle lancée par des étudiantes à HEC, Dauphine et Isabelle : et si elles prenaient une année sabbatique pour faire le tour de France des clochers ? S’étant rencontrées à l’aumônerie étudiante, ces deux jeunes femmes de 22 ans ont grandi dans des familles croyantes. Elles habitent en région parisienne et ont constaté, lors de leurs vacances dans de petits villages, qu’elles étaient souvent les seules jeunes à la messe. Elles veulent transmettre leur amour du Christ, et, dans la prière, décident finalement d’offrir une année à deux paroisses rurales, racontant cette expérience dans Mission Isidore, qui vient de paraître chez Mame.

En septembre 2017, après des mois de préparation et de rencontres, dont celle de l’évêque de Moulins, elles arrivent à la paroisse Saint-Léger-Saint Procule – 32 clochers –, autour de la ville de Gannat, dans l’Allier ; c’est le lieu des attaches familiales de Dauphine. En janvier, elles migrent 10 km plus loin, à la paroisse Saint-Bénilde-en-Limagne, du côté d’Aigueperse dans le Puy-de-Dôme.

Lors de la « Mission Isidore » – du nom de saint Isidore le Laboureur, ouvrier agricole espagnol du XIIe siècle et saint patron du monde rural -, les jeunes femmes veulent aller à la rencontre des habitants de ces paroisses, vivre au milieu d’eux et devenir les « instruments du Seigneur » pour annoncer son amour.

En plus des réunions paroissiales, Isabelle se rend au collège Saint-Procule pour proposer un « atelier journal, prétexte pour rencontrer les élèves et mettre leurs talents en valeur, et une « découverte de la prière » de vingt minutes tous les mardis après le déjeuner, dûment annoncée par des affiches dans toute l’école et une « tournée des classes ».

Dauphine, auparavant cheftaine de compagnie dans un groupe de Scouts unitaires de France, crée une équipe de guides à Gannat. Elle lance également l’organisation d’une crèche vivante pour Noël, avec une quarantaine d’enfants déguisés : l’occasion de toucher des familles qui vont rarement à la messe.

A l’Ehpad situé dans la paroisse Saint-Bénilde, Dauphine visite des personnes âgées dépendantes pour prendre le temps de la rencontre : « Cela a été pour moi une école du regard, singulier apprentissage dans lequel le Maître nous enseigne encore et toujours à le reconnaître en chaque personne, à adopter son regard aimant, à se laisser aimer par lui à travers le regard de l’autre ». Passionnée par le chant, elle monte également une chorale pour préparer la fête de Pâques.

Ces actions, souvent discrètes, vont de pair avec l’organisation des WEMPS, les « Week-ends mission prière service », dans lesquelles les étudiantes invitent de nombreux amis de toute la France à venir prier, rencontrer les habitants et faire connaître et aimer le visage du Christ. Par exemple, les « tee-shirts bleus » des WEMPS proposent du porte à- porte pour inviter à un événement, un concert, un stand de crêpes devant l’église et une partie de foot, permettant d’initier des échanges sur la foi. Les WEMPS perdurent après la fin de la mission en juillet 2018 : des paroisses rurales continuent de faire appel à leur équipe.

Cette année de mission a porté de nombreux fruits pour Dauphine et Isabelle : retour à une certaine simplicité de vie, contemplation de la Création, joie de la rencontre avec des paroissiens et habitants de tous âges, relecture de leur vie et approfondissement de leur amitié avec le Christ. Des difficultés se sont cependant invitées, comme des périodes d’aridité spirituelle, des tensions entre elles et la découverte d’un monde rural parfois lieu de pauvreté, ou encore de pratiques ésotériques.

Alors que la Mission Isidore est devenue un projet pilote, désormais proposé à d’autres jeunes, Isabelle et Dauphine soulignent combien l’évangélisateur est lui-même évangélisé : « Le Seigneur n’avait pas besoin de nous pour se révéler aux personnes rencontrées pendant la Mission Isidore. S’il nous associe à son oeuvre, c’est pour nous permettre d’être davantage unies au Christ, pour que notre coeur batte au rythme du sien. »

Dauphine et Isabelle ont largement terminé HEC. Toutes deux ont aujourd’hui une vie de famille, un métier et un emploi du temps bien rempli. Mais l’histoire ne s’arrête pas là.

A la suite de leurs belles expériences, elles ont décidé de poursuivre leur mission et de consacrer 1/5 de leur temps professionnel, au projet de la Conférence des Evêques de France : Terres d’Espérance. L’oeuvre des Campagnes a d’ores et déjà, soutenu certaines de ces missions dans la mesure où elles sont à l’initiative du clergé rural.

Nous vous ferons partager, lors d’un prochain numéro, le destin d’autres Femmes dans l’Eglises. Oui, elles nous inspirent et nous rassemblent, à la suite de Marie, la première en chemin.

Vos témoignages sur ce thème ou propositions sont les bienvenus.